lundi 7 décembre 2009

Une évidence bien protégée


On dit généralement que le football n'est pas un sport purement physique, ce qui épargnerait les tentations du dopage. Joao Havelange, ancien président de la FIFA, déclarait pendant son règne que "le football n'était culturellement pas concerné par le dopage".


Dans un sport individuel, la prestation dépend surtout du niveau de la puissance musculaire et de l’endurance. Alors que dans le foot ou les autres sports collectifs, ces deux facteurs ne suffisent pas. Il y a toute une série d’autres critères qui rentrent en jeu, rendant le football plus complexe. Notamment toutes les capacités de coordination, comme la technique, la combinaison des mouvements collectifs, l’anticipation, la réaction ou encore le rythme.


Mais avec l'intensité athlétique du football moderne et les calendriers des équipes, l'endurance est devenue de plus en plus importante dans le football, même si les substances interdites ne parviendront jamais à changer la technique d'un joueur, elles lui seront bien utiles pour l'exprimer pendant 90 minutes, 60 à 80 fois par an…

Zidane déclarait : « Même le joueur le plus technique du monde ne peut pas exprimer son jeu comme il le devrait si sa condition physique n’est pas bonne ».


Michel D'Hooghe, président de la Commission médicale de la FIFA déclarait avant la coupe du monde 2002 : "L'EPO est introduite dans l'ensemble du sport mondial et je ne peux pas croire qu'il y a une barrière autour des terrains de football (…) Il est possible à des joueurs de disputer 70 ou 80 matches par an. Ils le font... La question est: Comment?".


Michel D'Hooge s'interrogeait notamment sur "les risques encourus par les joueurs qui doivent assumer des charges physiques multipliées tout en subissant une pression maximale", et suggère que "l'agressivité sur les terrains pourrait être un symptôme de la prise de certains produits comme les stéroïdes anabolisants" (coup de boule de Zidane sur Materrazzi). Il s'interroge également sur "la responsabilité des scientifiques et des médecins qui collaborent au système", et s'inquiète de la "présence avérée de certains experts du cyclisme ou du ski de fond présents dans les milieux du footbal".


Il reprochait aussi "le laxisme en matière de contrôle, la moitié des tests servant à détecter des drogues récréatives comme le cannabis (B Lama, F Barthez), l'ecstasy ou la cocaïne (Maradona), bien loin de la pharmacologie de la performance"

Pourtant, les campagnes anti-dopage de la FIFA sont surtout des opérations de dissuasion destinées à alerter les contrevenants éventuels. La FIFA n'a aucun intérêt à des contrôles positifs durant sa principale compétition : la coupe du monde. On n'est donc pas étonné du peu d'attention suscitée par le problème au sein même de la FIFA.

Il faudrait se donner les moyens de véritable programmes de prévention et de répression du dopage. La FIFA n'a malheureusement pas intérêt à risquer de désenchanter le monde idéal du foot. Elle a refusé tout alignement des pratiques sur celles que préconise l'Agence mondiale antidopage (AMA), dont c'est pourtant la mission.
Elle n'a aucun intérêt à voir une institution indépendante lever le voile sur la réalité.

Dans un article de France Football, même les joueurs sont réticents à une lutte anti-dopage constante comme elle est appliquée par exemple au tennis. En effet, les capitaines de L1 et L2 ne voulaient pas se plier aux contraintes de l'AMA (Agence mondiale antidopage) en 2009. Le capitaine marseillais, Lorik Cana, disait qu'il avait envisagé, à un moment, de prendre la tête d'un mouvement de révolte «J'avais décidé de contacter tous les capitaines de L1. On devait se mettre d'accord et refuser cette mesure». Mais ils y ont renoncé finalement.

Parmi tous les capitaines interrogés par
France Football, la grande majorité est opposé ou au mieux sceptique sur la multiplication des contrôles anti-dopage
périodiques, car cela présente une énorme contrainte individuelle. C'est le cas de quelques grands joueurs : «C'est ridicule, pense ainsi Claude Makelele. Ils vont avoir du mal avec moi, surtout pendant les vacances. On est en famille, avec des amis, dans la discrétion Certains joueurs doutent sérieusement de l'efficacité de ces nouveaux contrôles. «En seize ans, je n'ai été contrôlé qu'une demi-douzaine de fois», déclare Pierre-Yves André. Yann Kermorgant, le capitaine rémois déclare «Il ne faut pas se voiler la face. Le foot, comme d'autres disciplines est affecté par le dopage».

Une évidence bien protégée !


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