jeudi 3 décembre 2009

La coupe aux argentins


Le match oppose l'Argentine au Pérou pour le compte du deuxième tour de la World Cup 1978.

L’Argentine est soumis à la dictature, dirigée par la junte militaire et le « Général » Jorge Rafael Videla, dictateur qui mène la Guerre Sale : de nombreux opposants de gauche sont torturés, assassinés ou portés disparus. Deux ans plus tôt, il a renversé le régime d’Isabel Peron et installé le pays dans une terreur permanente. C’est dans ce contexte de crise que les Argentins accueillent la coupe du monde 1978.

Facilement qualifiés au premier tour, les hôtes de la compétition se retrouvent mal embarqués dans la seconde poule qui comprend le Pérou, le Brésil, et la Pologne. Le Brésil de Zico fait figure de favori dans ce groupe. Lors du second match, l'Argentine obtient un bon 0-0 face au Brésil en pourrissant le jeu. Les Argentins fracassent les artistes brésiliens, sous l’œil conciliant d’un arbitre hongrois, Mr Palotsi, dont la bienveillance est déjà troublant. En ces temps où la corruption règne en maître, cet homme de l’Est est la première cible d’un scandale !


Les argentins disputent leur ultime rencontre face au Pérou… trois heures après le Brésil-Pologne ! A cet instant, le Brésil est qualifié pour la finale remportant une victoire 3-1 face à la Pologne et une différence de buts supérieure de + 5 contre +2 à l'Argentine. L’Argentine doit donc s’imposer par 4 buts d’écart, dans son Estadio Gigante de Rosario Central. C'est une difficile mission pour les Kempes et consort, car l’adversaire péruvien traverse la période la plus faste de son existence footballistique. La génération dorée des Chumpitaz, redoutable défenseur, du brillant Cubillas a remporté la Copa America trois ans plus tôt, en 1975.


Battus par les brésiliens (3-0) et les polonais (1-0), les péruviens n'avaient plus aucune prétention avant ce dernier match, si ce n'est de quitter la tête haute ce Mundial, qu'ils avaient emballé au 1er tour avec de beaux succès sur l'Ecosse (3-1) et les iraniens (4-1) et un o-o face aux hollandais.


Certains joueurs péruviens ne semblaient pourtant pas dans leur meilleur jour pour ce dernier match, notamment le gardien Ramon « Chupete » Quiroga, né à Rosario, la ville même où se déroule la partie. Quiroga fut naturalisé Péruvien quelques mois seulement avant le mondial argentin. Quiroga est semble t-il incapable de faire un arrêt et les argentins l'emportent sur le score de 6-0 (buts de Kempes (2), Tarentelli, Luque (2) et Housemann).



En 1977, lors des éliminatoires de la world cup 1978, les hollandais étaient les favoris du tournoi, mais Johan Cruijff, maître à jouer des oranges, ne participera pas à ce Mundial par sécurité à la suite d'une tentative d'enlèvement. Cette absence est attribuée à la junte militaire argentine en place.

Les Hollandais se qualifieront pour la finale, mais l'aborderont fatigués après avoir été harcelés toute la nuit. Le début du match est retardé par les Argentins qui réclament le forfait du Batave René Van de Kerkhof, pour une sombre histoire de plâtre dangereux au poignet. Sous les huées et les piles et autres objets divers des Ultras gauchos, les Néerlandais craqueront en prolongations sur un but de Kempes.



Le pari de Videla est gagné, « son » Argentine a remporté la première coupe du monde de son histoire. Et le peuple meurtri s’oublie dans une indescriptible liesse populaire, quelques semaines durant. Pour l’Argentine, ce mondial 78, c’était vraiment le Pérou !


A la suite de ce match entre l'Argentine et le Pérou, la FIFA a décidé de jouer naturellement les derniers matches de groupe de qualification de la coupe du monde le même jour à la même heure.



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