vendredi 4 décembre 2009

Les dessous du mercato marseillais

Dix ans après leur passage à Marseille, les footballeurs Pérez, Bakayoko et Moses refont parler d’eux sur la Canebière. Leurs transferts, réalisés entre 1997 et 1999, servent d'exemples dans l’appel du procès des “comptes de l’OM”. Un réseau de vente de joueurs mis en place par certains ont permis de toucher des commissions et des dessous de table.


Deux agents très influents :

Alain Migliaccio

Il gère depuis les années 1980 les intérêts des meilleurs joueurs tricolores. Parmi eux, une pléiade d’internationaux ayant porté le maillot de l’OM : Cantona, Ribéry, Nasri… Brillant businessman, Zidane lui doit notamment son transfert record au Real Madrid pour 76 millions d’euros ; de Ludovic Giuly – plus gros transfert de l’intersaison – de Samir Nasri à Arsenal, de Ménez à l’ASRoma, de Squillachi à Séville. Il se révèle aussi très doué en communication. Aux lendemains du coup de boule de Zidane sur Materazzi en finale du Mondial 2006, c’est lui qui orchestre la confession en mondiovision du n°10 des Bleus sur le plateau de Canal +. En fait il n’officie pas seul, il se fait aider par un revenant : Jean Pierre Bernès.


Jean-Pierre Bernès

On se souvient de lui pour son rôle dans l’affaire OM-VA et sa condamnation à deux ans de prison à l’issue du procès. L’ancien directeur général du club phocéen avait quitté depuis la rubrique des faits divers pour celle des transferts, où son nom s’étale en grand. Parfait connaisseur du milieuet ami de Migliaccio, Bernès est devenu agent de joueur et vient de créer un nouveau marché : celui des entraîneurs. Les récentes signatures d’Alain Perrin à Lyon, Guy Roux à Lens ou encore Laurent Blanc à Bordeaux portent sa marque. Il occupe donc toujours une place importante dans le foot français alors qu’il est dit qu’un agent agréé FIFA doit pouvoir présenter des témoignages de… moralité, une cotisation de 120000 euros par an (voilà deux conditions faciles à remplir) mais comment se fait-il que personne ne sache que la troisième condition est impossible : présenter un casier judiciaire vierge. Jean-Pierre Bernès a maintenant un autre boulet accroché au pied, celui des comptes du club marseillais. Deux scandales retentissants qui se sont soldés par des condamnations en 1995 – dix-huit mois de prison avec sursis pour corruption passive – et en 1998 – deux ans de prison avec sursis – et qui auraient dû définitivement écarter du monde du football l’ancien directeur général de l’OM. Pourtant, près de quinze après sa radiation soi-disant à vie par la Fédération française de football, Bernès est une figure incontournable du foot français et le restera.


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Rolland Courbis, l’ex-entraîneur de Marseille a été arrêté peu après le coup de sifflet final du match Marseille-Montpellier, et placé en détention à l'hôtel de police de Marseille. Il a été écroué à la prison des Baumettes.

L'ancien entraîneur de l'OM était sous le coup d'un mandat d'arrêt depuis 2007 dans le cadre des transferts suspects du club phocéen entre 1997 et 1999. L'avocat du technicien a expliqué la raison de cette interpellation : «C'est la procédure normale. Nous savions qu'il devait effectué un reliquat de peine. Il a du recevoir un courrier l'invitant à se rendre mais n'est pas allé le chercher, c'est pour ça qu'il a été interpellé.»

Il avait été jugé en appel, en compagnie de l’actionnaire principal du club, Robert Louis-Dreyfus, et de plusieurs agents et intermédiaires, pour l’affaire des transferts suspects de joueurs entre 1997 et 1999. L’avocat général avait requis la confirmation des peines infligées en première instance : trois ans et demi de prison ferme, cinq années d’interdiction d’exercice de la profession d’entraîneur en France et 375 000 euros d’amende pour Courbis ; trois ans de prison avec sursis et 375 000 euros d’amende pour Robert Louis-Dreyfus, pour complicité d’abus de biens sociaux.
Le magistrat n’a pas été tendre avec Courbis, relevant notamment que moins de trois mois après une condamnation fiscale, il avait ouvert un compte en Suisse sur lequel auraient transité des fonds frauduleux générés par des transferts. Celui qui entraînait Montpellier (Ligue 2) avait pourtant changé de tactique, faisant amende honorable : “J’ai peut-être, sans le vouloir, commis une complicité d’abus de biens sociaux (ABS). Mais je ne savais même pas ce que cela voulait dire ABS !”, avait-il déclaré à la barre.

Le 9 juin 2006, le tribunal correctionnel de Marseille l'avait jugé coupable d'avoir bénéficié de compléments de rémunération occultes à l'occasion de quinze transferts de joueurs à l'OM pendant cette période. Il a alors été condamné à trois ans et demi de prison ferme, 375.000 euros d'amende et cinq ans d'interdiction d'exercer une activité dans le milieu du football. Le 17 octobre 2007, la cour d'appel d'Aix-en-Provence a revu sa peine à 2 ans ferme et 200.000 euros d'amende. Courbis a alors échappé à ce qui constituait le pire à ses yeux: l'interdiction d'exercer. Cette condamnation est devenue définitive le 22 octobre 2008, la chambre criminelle de la Cour de cassation ayant rejeté son pourvoi.

Rolland Courbis avait déjà été condamné en 1995 à trois ans de prison avec sursis pour fausses factures et fraude fiscale dans l'affaire de la comptabilité occulte du Sporting Club de Toulon, dont il était l'entraîneur à la fin des années 80. L'interpellation résulte de ces deux condamnations. Il lui reste 21 mois de prison à purger.


Les pratiques suspectes de l'Olympique de Marseille en matière de transferts au cours desquels près de 28 M€ auraient transité frauduleusement de 1997 à 1999 au bénéfice présumé de joueurs, d'intermédiaires et de l'ex-entraîneur Rolland Courbis, sont jugées à Marseille.

Quatorze prévenus vont comparaître jusqu'au 31 mars devant le tribunal correctionnel, parmi lesquels l'actionnaire principal et ancien président de l'Olympique de Marseille, Robert Louis -Dreyfus, les anciens présidents délégués du club Jean-Michel Roussier et Yves Marchand ainsi que Rolland Courbis.

Ils sont poursuivis essentiellement pour abus ou complicité d'abus de biens sociaux, alors que le club, après un dépôt de bilan en 1995, était encore en pleine dérive financière : 43M€ de pertes cumulées entre juillet 1997 et juin 2000. Aucun des 15 joueurs concernés par ces transferts n'est poursuivi, l'instruction ne l'ayant pas jugé utile contrairement à l'avis du parquet.

Selon l'accusation, les montants des transferts étaient quasi systématiquement surévalués de 15 % à 25 % pour intégrer une prime occulte versée au joueur par le club vendeur. Objectifs : pour l'OM minorer le salaire du joueur, et donc payer moins de charges, et pour le joueur payer moins d'impôts.

Le montage du transfert de Laurent Blanc, recruté à Barcelone en juin 1997, aurait ainsi permis d'économiser 2 MF de charges sociales. Christophe Dugarry (ex-Barcelone aussi) aurait bénéficié du même avantage en décembre 1997. La justice soupçonne Rolland Courbis, titulaire d'un compte dans une banque suisse d'avoir bénéficié de rétrocessions de commissions dans ce double transfert, pour un montant de 4 MF. Il est également soupçonné d'avoir perçu des fonds dans le transfert du Ghanéen Arthur Moses, de Toulon à Marseille. Existait-il un accord tacite entre Robert Louis-Dreyfus et Courbis permettant au coach, objet d'un redressement fiscal de plus de 9 MF, de percevoir des revenus occultes ?

Les deux hommes ont eu recours à des agents non agréés par la Fédération internationale (Fifa), lors de transferts de joueurs sud-américains qui ont versé sur le compte personnel de dirigeants de clubs étrangers et d'une kyrielle de sociétés financières. L'occasion de poursuivre ces responsables de club n'a pourtant pas été saisie. Dommage, car de telles pratiques ont eu lieu ailleurs qu'à l'OM et restent monnaie courante dans le foot.



Lourdement condamnés en première instance, la plupart des acteurs impliqués dans les transferts suspects à l'Olympique de Marseille entre 1997 et 1999, dont l'actionnaire du club Robert Louis-Dreyfus et son ancien coach Rolland Courbis pour lesquels l'enjeu est de taille, sont jugés à Aix-en-Provence en appel à partir d'aujourd'hui.

Les peines prononcées le 9 juin 2006 avaient provoqué un véritable choc parmi les 14 prévenus, jugés majoritairement pour abus ou complicité d'abus de bien sociaux lors de ces 15 transferts parfois prestigieux (Blanc, Dugarry, Ravanelli…) qui auraient généré 22 millions d'euros de flux frauduleux au profit de joueurs, d'intermédiaires, d'agents et de Courbis lui-même.

« Scandaleux et injuste », avaient ainsi lancé les avocats de « RLD », condamné à trois ans d'emprisonnement avec sursis et 375 000 euros d'amende. « Sanction disproportionnée », avait repris Courbis, sur le coup de trois ans et demi de prison ferme, 375 000 euros d'amende et interdiction d'exercer durant cinq ans dans le football. Un seul prévenu, l'ex-directeur sportif de l'OM Marcel Dib, a été relaxé.

Trois semaines durant, les pratiques douteuses de l'OM en matière de transferts avaient été décortiquées, sur fond de dysfonctionnements récurrents au sein de la direction du club : recours régulier à des sociétés off-shore, intermédiaires illégitimes ou non agréés, montages financiers opaques voire improbables…

La ligne de défense de « RLD » avait été aussi sérieusement ébranlée. Dans une déclaration les larmes aux yeux, il avait expliqué avoir découvert à l'audience « une fraude généralisée » qui lui aurait été « dissimulée ». Le maintien de son engagement dans un club qui va redécouvrir la Ligue des champions pourrait en effet dépendre du jugement, même si rien n'est acquis.

L'autre enjeu principal du procès concerne Rolland Courbis, qui passe du banc de Montpellier dont il est l'entraîneur à celui des accusés. Le seul prévenu sous le coup de la prison ferme espère qu'il pourra terminer sa mission sur le banc héraultais.



La cour d'appel d'Aix-en-Provence a revu à la baisse les condamnations dans l'affaire des transferts suspects de l'Olympique de Marseille entre 1997 et 1999, condamnant l'ancien entraîneur Rolland Courbis à deux ans de prison ferme et l'actionnaire principal Robert Louis-Dreyfus à dix mois de prison avec sursis.

La condamnation de "RLD" pour abus de biens sociaux (ABS) passe de trois ans avec sursis et 375.000 euros d'amende, prononcés par le tribunal correctionnel de Marseille en juin 2006, à 10 mois avec sursis et 200.000 euros d'amende.

S'il n'a pas proportionnellement bénéficié d'une révision aussi favorable que "RLD", Courbis échappe à ce qui aurait constitué le pire à ses yeux: une interdiction d'exercer dans le football durant cinq ans. Elle avait pourtant été requise contre lui à l'audience en juin dernier.

Poursuivi notamment pour complicité et recel d'ABS, l'actuel entraîneur de Montpellier écope cependant d'un an ferme et d'un an de révocation de sursis, lié à l'affaire des caisses noires du SC Toulon à la fin des années 1980, ainsi que de 200.000 euros d'amende.

Soit sensiblement moins que les trois ans et demi de prison ferme (deux ans + 18 mois de révocation de sursis), 375.000 euros d'amende et l'interdiction d'exercer pendant cinq ans une activité liée au football, selon le jugement de première instance.

"Je suis content et satisfait d'avoir été partiellement entendu, mais entendu quand-même, et de pouvoir continuer à exercer mon métier", a déclaré le coach montpelliérain (L2), poursuivi par un impressionnant essaim de caméras à la sortie du palais de justice. "Pour ce qui est des peines, nous allons discuter avec nos avocats, compte-tenu du fait que, voici 17 ans de cela, j'ai déjà fait trois mois et demi de préventive", a-t-il précisé.

Se prévalant de cette détention provisoire à l'automne 1990, les avocats de Courbis vont en effet tenter de négocier un aménagement de sa peine de prison, théoriquement envisageable uniquement jusqu'à un an ferme, et lui permettre ainsi de continuer à "coacher".

"Nous espérons qu'il pourra terminer la saison à Montpellier", a déclaré l'un de ses avocats, Me Frédéric Monneret. Michel Mézy, conseiller du président du club de Montpellier Louis Nicollin, se montrait plus optimiste encore: "Je suis sûr qu'il va finir la saison avec nous".

Le sort de "RLD", absent de l'audience pour cause de déplacement professionnel en Chine, a également globalement satisfait sa défense: "Nous constatons une réduction considérable de la peine. C'est un pas énorme fait en faveur de Robert Louis-Dreyfus, même s'il est insuffisant et que l'on aurait souhaité la relaxe", a réagi Me Sophie Bottaï.

"Il passe, a-t-elle poursuivi, d'une peine de culpabilité lourde à une peine plutôt symbolique, visant plus la négligence d'un patron, pas là pour contrôler ce qui se passait au club."

La cour d'appel a en revanche prononcé trois peines de prison ferme, dans ces affaires de transferts ayant généré 22 M EUR de fonds frauduleux: contre l'agent de joueurs Gilbert Sau (18 mois), contre son complice Bernard Almeras (6 mois) et contre l'ex-agent et actuel vice-président du Standard de Liège, Licio d'Onofrio (6 mois).

Des peines de prison avec sursis, assorties d'amendes, ont été prononcées contre les agents de joueurs Jean-François Larios et Edmond Adam, et contre Charles Camporro, ex-directeur sportif de Bordeaux.

L'intermédiaire allemand Rolf Wegener et l'avocat Denys Angeloglou ont été relaxés.




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L'un des principaux condamnés du procès des transferts frauduleux à l'Olympique de Marseille de 1997 à 1999, l'agent de joueurs Gilbert Sau, a récemment obtenu paiement du club de créances de près d'un million d'euros pour des opérations datant de 2001. Selon un "protocole d'accord", dont l'AFP a obtenu copie, le club lui a versé 950.000 euros pour le transfert en décembre 2001 du milieu Salomon Olembé et de l'attaquant Cyril Chapuis. Le directeur général de l'OM Antoine Veyrat, qui a donné l'ordre du paiement, confirme les faits.
L'OM "qui nourrissait de sérieux doutes quant à la réalité et au bien-fondé" de ces créances "réclamées pour la première fois plus de cinq années" après ces transferts selon le texte, a finalement débloqué les fonds réclamés "au vu de pièces nouvelles produites" par Sau. Pour pousser l'OM à le payer, Sau, résidant en Suisse, avait obtenu de la justice helvétique qu'elle fasse "séquestrer" ces sommes auprès de l'UEFA. Basée à Nyon (Suisse), celle-ci reverse en effet régulièrement des droits à l'OM. Très influent à l'OM à la fin des années 1990, Sau a été condamné définitivement en octobre 2008 par la cour de cassation à 18 mois ferme et à l'interdiction d'exercer, pour son implication dans plusieurs transferts frauduleux à l'OM de 1997 à 1999 ayant fait l'objet de procès en 2006 et 2O07.

1 commentaire:

  1. Un réseau de vente de joueurs mis en place par certains ont permis de toucher des commissions et des dessous de table.
    Ceci est vraiment un peu de mauvais comportement!

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