samedi 5 décembre 2009

Après l'Olympique de Marseille, le rival parisien aussi aura droit à son procès. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset ont décidé de renvoyer devant le tribunal correctionnel de Paris trois anciens dirigeants du club, dont deux présidents, Laurent Perpère et Francis Graille, une dizaine d'agents de joueurs et Nike France, en tant que personne morales.
L'équipementier est soupçonné d'avoir financé entre 1998 et 2004 des faux contrats d'image pour des joueurs, qui étaient en réalité des compléments de salaires. Une façon pour le club de ne pas payer de charges sociales et pour les joueurs de payer moins d'impôts. Nike France récupérait les sommes engagées sous la forme de fausses amendes infligées au club.

"Des sommes importantes transitaient par des circuits off-shore"

Dans leur ordonnance de renvoi, que le site Mediapart.fr s'est procuré, les deux magistrats soulignent notamment que l'enquête "a révélé que lors des transferts de joueurs, des sommes importantes transitaient par des circuits off-shore sous couvert de fausses conventions établies avec certains agents de joueurs. (...) Des fonds conséquents ont été retirés en espèces, mais l'information n'a pu en déterminer les bénéficiaires", regrettent les juges.

S'il n'est pas question d'abus de biens sociaux, ni d'enrichissement personnel pour aucune des personnes poursuivies, c'est bien d'un système de rémunérations occultes dont il s'agit, système mis en place avec la bienveillance de plusieurs agents de joueurs qui gravitaient autour du club. Parmi les transferts concernés par cette affaire figurent ceux de Ronaldinho, arrivé au PSG en 2001, de Pauleta, de Gabriel Heinze, de Lionel Letizi ou encore de Nicolas Anelka.

La SASP Paris-Saint-Germain est également renvoyée en correctionnelle. Les dirigeants actuels auraient toutefois anticipé une éventuelle amende lors du rachat en 2006 du club à Canal+. Selon toutes vraisemblances, le procès devrait se tenir au cours du deuxième semestre 2010.



Une dizaine d’agents, 2 anciens présidents du PSG et Nike sont renvoyés en correctionnelle dans l’affaire des transferts suspects du club parisien. L’ordonnance de renvoi est conforme aux réquisitions.

Deux cent vingt pages de jolis tableaux, des organigrammes à n’en plus finir et un empilement de noms. Pas de doute, le parquet a bossé avant de rendre, le 4 septembre 2009, son réquisitoire définitif dans l’ instruction des transferts frauduleux du PSG entre 1998 et 2003. Du faux et de l’usage de faux, de l’exercice illégal d’agent de joueur, des dissimulations de salaires et des transferts surévalués. Et le renvoi en correctionnelle de dix-sept personnes mises en examen préconisé. "Du travail de moine copiste", commente même un avocat d’une des parties.

L’ordonnance de renvoi a été signée vendredi 30 octobre par les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset. Comparaîtront une dizaine d’agents de joueurs, les anciens présidents du PSG Laurent Perpère et Francis Graille mais aussi Nike France et le club parisien en tant que personnes morales.

Sport + filiale de Canal + fut fondé après " une réunion, à l’initiative de Pierre Lescure (à l’époque patron de la chaîne cryptée, portant sur le recrutement de Ronaldinho via Sport + et l’exploitation des droits à l’image du joueur", lit-on dans le réquisitoire. Une boîte sous contrôle d’un directoire où l’on retrouve, outre Pierre Lescure, le gratin de Canal : Bruno Thibaudeau, Denis Olivennes et Laurent Perpère. Transferts de joueurs et droits sportifs, donc. C’est ce qu’on appelle un mélange des genres. D’autant que l’affectation desdits droits semble un brin suspecte. Selon Jérôme Valcke, alors directeur exécutif de Sport +, les clubs s’étaient servi de ces droits "pour financer une partie des salaires ou des transferts en les défiscalisant". Plus précisément, les clubs ont fait disparaître "ces charges de salaire en faisant prendre en compte tout ou partie des droits d’images par une tierce partie qui pouvait être soit un partenaire commercial du club, soit une société ad hoc", a aimablement raconté Valcke, auditionné le 16 mai 2005.. Bref, des salaires déguisés via des sociétés amis, à l’instar de Sport +…ou de Nike France, "qui achetait les droits à Sport +".


En somme, la filiale de Canal a servi à gonfler les salaires des joueurs et à les défiscaliser, sans que le parquet trouve à y redire…Alors que ce sont les motifs avancés pour renvoyer en correctionnelle la plupart des mis en examen. Notamment les société PSG et Nike, ou les anciens présidents du club parisien Francis Graille et Laurent Perpère !

L’autre charrette de mis en examen est pleine d’agents de joueurs, soupçonnés peu ou prou des même délits. Sans grands noms français (voir encadré). Ou de pseudo agents, accusés, ô hérésie, d’exercice illégal de la profession … Une petite entorse à la loi à laquelle a également goûté Sport +. Notamment à l’occasion du rocambolesque transfert de Dill. On est à l’été 2001. Acheté au Brésil via deux sociétés amies, puis revendu à l’OM où Tapie a fait son come back, le joueur est fissa retransféré vers le Servette de Genève. Le tout en moins d’un mois. Et sans bénéfice.

Sport + « a mis en place une chaîne de faux documents afin de vendre Dill à l’OM puis de le transférer au Servette », jugent les enquêteurs de la brigade financière qui ont traité le dossier. Ils se sont tout de même demandé pourquoi Sport + avait accepté de récupérer et de revendre le joueur aussi vite, pour le même prix soit 4,116 million d’euros.


L’histoire est en fait assez simple. L’OM réalise très vite que Dill était une « chèvre ». Et veut qu’on lui reprenne. Tapie a des arguments convaincants. Il a « mis en garde Canal + sur la publicité qu’il pourrait faire dans les médias sur le rôle de Sport + dans le transfert » a expliqué Jérôme Valcke.

L’argument, relayé « par une note manuscrite de Valcke à Lescure », a fait mouche. Mais n’a pas convaincu le parquet. Reste à le tester sur le juge Van Ruymbeke, en charge du dossier et ultime décisionnaire sur le choix des personnes à renvoyer au procès. Une occasion en or de faire mentir les mauvaises langues qui l’ont affublé du sympathique sobriquet de "Vaine recherche"…


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire